FJK 088

Orsi Lelio (1511-1587)

Scène mythologique (Le Mythe de Prométhée)

ca. 1560
305 x 229 mm

Technique
Plume, encre brune, lavis d'encre brune et rehauts de blanc sur papier

Numéroté à l'encre brune, au verso "XXXIV"

Provenance

Collection D. H. Cevat, Londres
North Carolina Museum of Art, Raleigh (Inv. G 59.22.1.), don de D. H. Cevat en mémoire de W. R. Valentiner
Vente, Sotheby's, New York, 27 janvier 1999, lot 62
Collection Jan Krugier, Monaco, JK 5678
Fondation Jan Krugier

Bibliographie

Bulletin, The North Carlina Museum of Arts, 3, 1959, Gifts presented to North Carolina Museum of Art in Memory of M.R.Valentiner, p. 48 repr.;

VESTAL BROWN C., A Catalogue of Drawings and Watercolors, Raleigh, North Carolina Museum of Art, cat. exp. été 1969, p. 51, no 93 repr. (catalogue entry by F. Frisoni);

De GRAZIA Diane, Correggio and His Legacy, Sixteenth Century Emilian Drawings, National Gallery of Art, Washington, 1984, mentionné sous le cat. 87, p. 262; p. 264, note 3;

De GRAZIA Diane, Corregio e il suo lascito. Disegni del Cinquecento emiliano, Parme, 1984, p. 280;

ROMANI Vittoria, Lelio Orsi, 1984, Modène, pp. 51-52, fig. 29;

DÜCKERS Alexander, Linie, Licht und Schatten, Meisterzeichnungen und Skulpturen der Sammlung Jan und Marie-Anne Krugier-Poniatowski, G & H Verlag, Berlin, 1999, Catalogue raisonné, p. 413 repr. n/b.

Expositions

Reggio Emilia, Teatro Valli, Lelio Orsi, 1987-1988 (catalogue de Elio Monducci et Massimo Pirondini), cat. 138, p. 150 repr. n/b;

Peggy Guggenheim Collection, Solomon R. Guggenheim Foundation, Venise, The Timeless Eye. Master Drawings from the Jan and Marie-Anne Krugier-Poniatowski Collection, 03.09-12.12.1999, cat. 29, p. 72; reproduction couleur p. 73;

Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid, Miradas sin Tiempo. Dibujos, Pinturas y Esculturas de la Coleccion Jan y Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 02.02-14.05.2000, cat. 30, p. 90; reproduction couleur p. 91;

Musée Jacquemart-André, Paris, La Passion du dessin. Collection Jan et Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 19.03-30.06.2002, cat. 32, p. 88; reproduction couleur p. 89;

Kunsthalle der Hypo-Kulturstiftung, Munich, Das Ewige Auge - Von Rembrandt bis Picasso. Meisterwerke aus der Sammlung Jan Krugier und Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 20.07-07.10.2007, cat. 37, p. 90; reproduction couleur p. 91.

Notes

Important peintre maniériste émilien, Lelio Orsi appartient à la génération qui suit celle du Corrège et de Giulio Romano. Il décore de fresques plusieurs façades de palais à Reggio Emilia et Novellara et les orne de motifs architecturaux imaginaires, de thèmes antiques, de grotesques, dont seuls des fragments ont survécu.

Ses tableaux de chevalet confirment l'influence du Corrège dont les douces physionomies, les drapés et la lumière nocturne apparaissent fréquemment dans son œuvre. L'influence de l'École de Fontainebleau (Rosso Fiorentino et le Primatice), des œuvres romaines de Michel-Ange et du Palazzo dell'Te par Giulio Romano, confirment le statut d'Orsi comme un maniériste plein de ressources.

Ce dessin parfaitement achevé était resté ignoré jusqu'à sa donation en 1959 au North Carolina Museum of Art, par D.H. Cevat, en mémoire de W.R. Valentiner. Il portait déjà son attribution à Orsi, qui n'a jamais été contestée. Il n'a pas été lié à un tableau existant. DeGrazia (1984) le rapproche de deux dessins à la plume L'Ecorchement de Marsyas (musée des Beaux-Arts, Besançon) et celui qui est considéré comme son chef-d'œuvre, La Fuite en Egypte (The Pierpont Morgan Library). Elle attire l'attention sur la relation naturelle, quoique dépourvue de maniérisme, entre les figures et le paysage environnant. Les trois sont dessinés avec une technique identique, le contour des figures étant évoqué d'un trait ferme et constitué de petites courbes, les personnages éclairés devant une zone d'ombre ou bien silhouettés par la lumière. Le drapé et l'anatomie sont richement exécutés par une trame de petits traits.

DeGrazia estime que ces trois dessins n'ont pu être conçus sans la connaissance de l'art de Michel-Ange, ce qui situe l'exécution après son séjour romain, entre 1554 et 1555. Romani a également proposé une date contemporaine de La Création du Monde au moment de l'Équinoxe de printemps (Cabinet des dessins, musée du Louvre, Paris et Szepmüveszeti Muzeum, Budapest) soit vers 1559-60 et décrit le dessin comme un "spectacular essay in Michelangiolism". Frisoni propose une date encore ultérieure d'une année ou deux. Le face à face d'un jeune homme nu et d'un vieillard habillé dans un paysage de rochers est un motif maniériste typique, un contrapposto, dans le sens des plans opposés. La pose du jeune homme est une citation directe de la Crucifixion d'Amman, dans la lunette nord-est de la chapelle Sixtine et confirme l'hypothèse chronologique avancée par DeGrazia. Le nu d'Orsi est une citation littérale de la figure de Michel-Ange, à l'exception des têtes tournées à l'opposé.

Orsi a-t-il travaillé d'après une gravure ou bien d'après une contre-épreuve d'un dessin ? Frisoni suggère en revanche l'influence d'un tableau perdu de Giulio Romano (vendu à Charles Ier parmi la collection Gonzaga entre 1627-28) qui est connu par une gravure d'Adamo Ghisi ("Italian Artists of the 16th Century", The illustrated Bartsh, ed. W.C. Strauss, vol. 31-15.4, Éditions S. Boorsch and J. Spike, n°102 (427), p. 218; cf. cat. exp. S. Massari, Incisori Mantovani del 500, Istituto Nazionale per la Grafica Calco-graphia, Rome, 1980, pp. 33-4, n°16). Quoiqu'il ne soit pas identique, le nu masculin de la gravure Endymion adorant le soleil et la lune, présente de légères différences mais surtout il lui manque l'intensité et la vigueur caractéristiques des mouvements d'Orsi (et de leur source michelangesque). C'est la gravure (dans le même sens) et non pas le tableau (en sens opposé) qui a pu éventuellement inspirer cette composition.

Le vieil homme, dont la tête est enfoncée dans des épaules musclées, révèle un profil grimaçant (que l'on retrouve dans l'œuvre d'Orsi). Il ressemble au saint Pierre du Jugement dernier, comme l'a noté Romani, qui compare les drapés du vêtement à ceux de Pellegrino Tibaldi et Daniele da Volterra. Il est certain que leur forme et leur retombée en rouleaux, la manière dont ils révèlent l'anatomie diffèrent du traitement habituel d'Orsi dans ses fresques et s'apparentent davantage à ceux de Michel-Ange dans la chapelle Pauline. C'est DeGrazia qui a donné le bon titre, à savoir Prométhée. Selon la tradition classique, Prométhée a créé le premier homme à partir de la terre puis il a pris une torche du char de Phoebus et l'a approchée de la poitrine de l'homme (cf. Fulgentius, Mythologies 2.6., VIe siècle, mentionné par D. Brumble dans Classical Myths and Legends in the Middle Ages and the Renaissance, Londres et Chicago, 1998, p. 279). Le feu, considéré comme une métaphore de la sagesse divine distingue les hommes des animaux, ce qui explique l'apparence de Prométhée sous les traits de Jéhovah.

Philip Rylands, La Passion du Dessin, Musée Jacquemart-André, Paris 2002, pp. 88-89

Demande d'information/de prêt

La Fondation Jan Krugier se consacre au rayonnement de la collection de dessins en prêtant régulièrement des œuvres pour des expositions. Les demandes de prêt devront comporter une présentation complète du projet.