FJK 108

Rembrandt Harmensz Van Rijn (1606-1669)

Les Trois Croix

1653
387 x 455 mm

Technique
Pointe sèche et Burin

Filigrane: Strasbourg Lys dans un bouclier avec les initiales "4"WR et la contremarque "IHS (Ash & Fletcher 36A, initiale "4"Wra)

Provenance

Delteil. Sa vente, 15 mars 1922 (£ 220)
P. & D. Colnaghi, Londres (numéro de stock au verso)
Collection Glihofer, 1er novembre 1927 (£ 290)
Collection Ruth C. Mailand
Kimbell Art Foundation, Forth Worth, Texas -Inv. AP 79.31 (jusqu'en mai 1987)
Collection Frederick Mulder, Londres
Collection Jan Krugier, Monaco (acquisition du précédent en novembre 2003), JK 6179
Fondation Jan Krugier

Bibliographie

The Illustrated Bartsch, Abaris Press, New York, 1978;

HIND Arthur Mayger, A catalogue of Rembrandt's etchings : chronologically arranged and completely illustrated, Da Capo Press, New York, 1967, cat. no 270;

Hollstein's Dutch & Flemis etchings, engravings and woodcuts ca. 1450-1700, Vol. XVIII-XIX, Rembrandt van Rijn, Amsterdam, 1969, cat. no 78;

MÜNZ Ludwig, Rembrandt's etchings, Phaidon, Londres, 1952, cat. no 223;

NOWELL-USTICKE G. W., Rembrandt’s Etchings: States and Values, Hacker Art Books, 1988, cat. no 78;

ROVINSKI Dmitri, L'oeuvre gravé de Rembrandt, Catalogue raisonné, Impr. de l'Académie impériale des Sciences, Saint-Pétersbourg, 1890-1894, cat. no 78;

WHITE Christopher, BOON Karen, Rembrandt's Etchings, an Illustrated Critical Catalogue: Plates, Vol. 2, Van Gendt, 1970, cat. no 78.

Expositions

Hypo-Kulturstiftung, Munich, Das Ewige Auge - Von Rembrandt bis Picasso. Meisterwerke aus der Sammlung Jan Krugier und Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 20.07-07.10.2007, cat. 49, p. 114; reproduction couleur p. 115.

Notes

Impression probablement entre le quatrième et le cinquième état (sur cinq) avec l'adresse de l'éditeur Carlese.

Cette oeuvre fait partie des gravures les plus importantes de l'histoire de cette technique et ne fut égalée qu'au XXe siècle par Pablo Picasso.

Les changements dans les différents états ont donné à penser que pour les trois premiers états, Rembrandt pris exemple chez saint Matthieu : "Et vers la neuvième heure Jésus clama en un grand cri : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?"

Et pour les deux derniers états, sans doute les plus beaux en émotions et dramatisme, chez saint Luc : "C'était déjà environ la sixième heure quand, le soleil s'éclipsant, l'obscurité se fit sur la terre entière, jusqu'à la neuvième heure. Le voile du Sanctuaire se déchira par le milieu, et, jetant un grand cri, Jésus dit : "Père, en tes mains je remets mon esprit." Ayant dit cela, il expira. Voyant ce qui était arrivé, le centenier glorifiait Dieu en disant : "Sûrement, cet homme était un juste !" Et toutes les foules qui s'étaient rassemblées pour ce spectacle, voyant ce qui était arrivé, s'en retournaient en se frappant la poitrine."

Les travaux effectués au 4e état et la prouesse technique avec les barbes de la pointe sèche (cette estampe est non seulement remarquable par ses dimensions, son dramatisme mais également pas sa simplicité, entièrement exécutée à la pointe sèche) varient énormément d'une épreuve à l'autre. Malgré sa fragilité Rembrandt a tiré quatre vingt dix épreuves des cinq états, nombre supérieur aux limites habituelles de la pointe sèche, mais qui démontre également l'importance de cette oeuvre depuis sa création (le coût de chaque impression devait être prohibitif pour une gravure de cette dimension).

Au regard du présent état, le spectateur à l'impression d'un chaos sombre comme si l'artiste avait choisit de placer la scène dans les ténèbres pour ajouter les éléments d'émotions et de grandeur comme jamais auparavant ils avaient été atteints. Rembrandt s'approprie la scène biblique comme s’il s'agissait de sa propre vie, il transfère la scène pour la faire sienne, l'oeuvre d'art devient le théâtre et son double d'Antonin Arthaud.

On distingue également différents personnages, le cavalier de la Renaissance probablement inspiré par une médaille de Pisanello env. 1440 et réinterprétée par Picasso dans une petite aquatinte de 1970 (Bloch 1879 ; Baer 1884 II) ; Marie-Madeleine en pleurs, la vierge évanouie, saint Jean les bras levés et Pilate ou Centurion de profil à côté de son cheval.

Sans recourt à des dessins préparatoires, cette extraordinaire vision gravée est une vue unique et hautement personnelle.

Fax d’Emmanuel Benador, novembre 2003

Demande d'information/de prêt

La Fondation Jan Krugier se consacre au rayonnement de la collection de dessins en prêtant régulièrement des œuvres pour des expositions. Les demandes de prêt devront comporter une présentation complète du projet.