FJK 052

Gheyn II Jacques De (1565-1629)

Diablerie: une sorcière, des corps humains et un cheval dans un souterrain

ca. 1603-1604
89 x 129 mm

Technique
Plume et encre brune sur papier

Inscription sur le support, relative à une collection française du 18e siècle: "Portefeuille no 54, Dessein no 66".

Provenance

Collection française anonyme (XVIIIe siècle)
Collection Johann Kaspar Lavater
Collection I.O. Wessner (Lugt 2562a)
Fondation Ian Woodner, New York
Vente Christie's, Londres Old Master Drawings from The Woodner Collection, 2 juillet 1991, lot 206
Collection Jan Krugier, Monaco, JK 5105
Fondation Jan Krugier

Bibliographie

RYLANDS Philip, The Timeless Eye. Master Drawings from the Jan and Marie-Anne Krugier-Poniatowski Collection, G & H Verlag, Berlin, 1999, Catalogue raisonné, p. 399 repr. n/b.

Expositions

Kupferstichkabinett, Staatliche Museen zu Berlin - Preussischer Kulturbesitz, Berlin, Linie, Licht und Schatten. Meisterzeichnungen und Skulpturen der Sammlung Jan und Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 29.05-01.08.1999, cat. 35, p. 84; reproduction couleur p. 85;

Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid, Miradas sin Tiempo. Dibujos, Pinturas y Esculturas de la Coleccion Jan y Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 02.02-14.05.2000, cat. 43 p. 118; reproduction couleur p. 119.

Musée Jacquemart-André, Paris, La Passion du dessin. Collection Jan et Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 19.03-30.06.2002, cat. 42, p. 108; reproduction couleur p. 109;

Hypo-Kulturstiftung, Munich, Das Ewige Auge - Von Rembrandt bis Picasso. Meisterwerke aus der Sammlung Jan Krugier und Marie-Anne Krugier-Poniatowski, 20.07-07.10.2007, cat. 44, p. 104; reproduction couleur p. 105.

Notes

Notes (1)

Artiste talentueux et polyvalent, Jacques de Gheyn était très connu de son vivant comme peintre et miniaturiste. Sa renommée provient surtout de ses sculptures et de ses dessins. L'ensemble de ses œuvres représente plus de mille dessins aux thèmes variés, en partie inhabituels, presque visionnaires, et aux interprétations très attachantes. Ce petit dessin montre l'entrée d'un tunnel (ruine, canal à eaux ?) et, dans ce chemin sombre, est esquissée une forme debout, ouvrant grand les bras et tenant probablement une torche dans chaque main. Le chemin se termine dans une cour illuminée, à partir de laquelle se dessine un autre chemin à la manière des catacombes, où se discerne à peine une autre silhouette Tout à fait en bas du dessin se tiennent deux chats (?) attirés par l'odeur cadavérique d'un monstre emplumé ainsi qu'un squelette de cheval et une tête de mort.

Ce dessin, encore inédit, appartient à un ensemble d'une vingtaine de dessins que Van Regteren Altena (1983, Bd.2, Nrn. 510-531) a rassemblé sous la rubrique "monstres fantômes et représentations de sorcières". Sur tous ces dessins, les tunnels et les voûtes des ponts sont similaires; ils servent de refuge aux sorcières qui s'adonnent à la magie en toute tranquillité (cf. s. Abb. 35a, "Hexenblatt" Kupferstichkabinett, Staatliche Museen zu Berlin, inv. Nr. 3205, signé et daté 1604). Dans cette scène, De Gheyn poursuit une tradition picturale entamée par Hieronymus Bosch, Hans Baldung Grien et Pieter Bruegel le Vieux.

Il est probable que De Gheyn a connu le milieu de la sorcellerie. Van Regteren Altena (cf. 1983, Bd. 1, s.86) pense qu'il connaissait la traduction du livre The Discovery of Witchcraft de l'anglais Reginald Scot qui condamnait la superstition de la sorcellerie. Par la liaison que sa sœur Anne de Gheyn entretenait avec Govert Basson, le peintre aurait pu être en contact avec Thomas Basson qui a traduit le livre en 1602. La manière satirique de représenter des sorcières a fait dire à Van Regteren Altena que Jacques de Gheyn refusait le culte des sorcières. En revanche, Löwensteyn laisse penser que le peintre croyait vraiment à la sorcellerie (cf. Löwensteyn 1986 s. 250 et Anm. 16) et propose une autre hypothèse. De Gheyn, par ces dessins, voulait se venger des femmes qu'il avait connu et condamner leurs défauts: cupidité, méchanceté, jalousie, plaisir (cf. Löwensteyn, 1986, s. 258).

Le dessin de la collection Krugier-Poniatowski [Fondation Jan Krugier] ne semble pas donner de manière concluante une autre version au dessin (cf. échange de lettres avec Machteld Löwensteyn, 23-2-99). Le port des torches, la marche sous les voûtes des ponts furent des rites habituels chez les sorcières. Comme toujours, l'interprétation des scènes est une manière très fréquente d'expliquer les pensées de l'artiste au sujet des sorcières et de prouver sa virtuosité. La manière originale que De Gheyn utilise pour dépeindre les sorcières provoque, chez les spectateurs, inquiétude et angoisse. Les chemins qui sont dessinés évoquent partout des impasses.

Ce dessin réalisé à la plume, l'instrument de prédilection de De Gheyn, est typique de son style rapide et très spontané qui donne aux traits, fins ou larges, beaucoup d'élégance. Il pourrait être rapproché de deux autres dessins non datés qui comportent de semblables traits en zigzag dans l'architecture, dont les composants simples peuvent correspondre au dessin de la collection Krugier-Poniatowski [Fondation Jan Krugier] (cf. Regteren Altena 1983, Bd.2, Nrn.166, 801). En s'appuyant sur trois monogrammes et sur les signatures des dessins réalisés par De Gheyn en 1603 et en 1604, le thème comme l'exécution de ces dessins laissent à penser que l'auteur peut être De Gheyn et que les deux autres feuilles datent de la même époque.

Ulrike Nürnberger, La Passion du Dessin, Musée Jacquemart-André, Paris 2002, p. 108

 

Notes (2)

La fascination de Jacob de Gheyn II pour le surnaturel est démontrée par l'existence de plus de vingt dessins traitant des scènes de sorcellerie et de magie noire (I.Q. Van Regteren Altena, Jacques de Gheyn, Three Generations, La Haye, 1983, nos 510-531). Diablerie, s'apparente, par sa composition, à deux autres dessins dont les références sont les suivantes : Scène de Sorcières, 1603 (Rennes) et Sorcières sous une voûte, 1604 (The Ashmolean) (op. cit. nos 521 et 523).

Christie’s, Old Master Drawings from The Woodner Collection, London July 1991 (extrait traduit de l’anglais)

Demande d'information/de prêt

La Fondation Jan Krugier se consacre au rayonnement de la collection de dessins en prêtant régulièrement des œuvres pour des expositions. Les demandes de prêt devront comporter une présentation complète du projet.